Qui est Benoît ? Le FabManager du Humanlab Saint-Pierre

Entretien avec Benoît SIJOBERT, PhD,

FabManager Humanlab Saint-Pierre

 

Quelle est ta formation et que t’a-t-elle apporté ?

J’ai initialement suivi un cursus d’ingénieur en technologies de l’information pour la santé. J’ai ensuite travaillé pendant 5 ans dans le milieu de la recherche clinique et académique.

D’abord comme ingénieur de recherche au sein de l’INRIA (Institut National de Recherche en Informatique et Automatique), puis à travers mes travaux de thèse dans l’équipe CAMIN (Control of Artificial Motion & Intuitive Neuroprosthesis) où j’ai obtenu mon doctorat autour du développement de technologies d’assistance au mouvement pour des personnes en situation de déficiences sensori-motrices, basées sur la stimulation neuromusculaire.

Qu’as-tu pu développer par exemple comme outils avant d’intégrer le Humanlab ?

En collaboration avec les équipes médicales, j’ai ainsi pu développer plusieurs prototypes et aides techniques autour de solutions pour l’analyse et la rééducation du mouvement des membres inférieurs chez des patients Parkinsoniens (CHU Montpellier), hémiplégiques (CHU Nîmes & CRRF Menucourt), paraplégiques (COS DIVIO Dijon & l’Université de Brasilia) mais aussi chez des enfants souffrant de paralysie cérébrale à l’hôpital Lucile Packard de l’Université de Stanford (USA).

Parmi ces prototypes, j’ai par exemple développé un système couplant centrales inertielles low-cost (i.e. capteurs similaires à ceux présents dans nos smartphones pour détecter des mouvements), impression 3D et neurostimulation pour la restauration du mouvement chez des personnes porteuses d’un handicap (ex: pédalage assisté par stimulation électrique des membres paralysés, marche assisté, rééducation du genou hémiplégique). J’ai eu également la chance de participer au Cybathlon 2016 (premiers jeux olympiques bioniques pour personnes en situation de handicap, ETH Zurich) en instrumentant un vélo à trois roues issu du commerce afin de permettre à un patient paraplégique de pédaler à l’aide de ses propres quadriceps électro-stimulés (projet FreeWheels, http://freewheels.inria.fr).

Qu’est ce qui t’a motivé à prendre ce poste ?

J’ai toujours été profondément motivé par développer des solutions améliorant l’autonomie et la qualité de vie des personnes porteuses d’un handicap. Cette opportunité d’embauche représentait pour moi un idéal professionnel qui s’est concrétisé en mai 2019.

J’ai toujours apprécié travailler sur ces problématiques passionnantes et variées, au contact d’un environnement pluridisciplinaire, à l’interface entre patients, médecins, kinésithérapeutes, chercheurs, ingénieurs, étudiants… et de relever plusieurs défis afin de développer des solutions et outils orientés-patient.  Cela prend en compte un cahier des charges parfois complexe, dû aux contraintes technologiques, d’utilisation, d’accessibilité et de fonctionnalité de la solution recherchée.

Pourquoi le Humanlab Saint-Pierre ?

Ces dernières années, j’ai pu constater une problématique réelle récurrente : l’accès à la technologie, à des dispositifs d’assistance innovants, à des systèmes pouvant améliorer l’autonomie de personnes en situation de handicap, reste trop souvent du domaine de l’impossible.

De nombreux dispositifs issus de la recherche ou simplement d’idées de particuliers « inventeurs » restent confinés dans un tiroir faute de trouver une solution commercialement viable. Le secteur du handicap est trop souvent connoté à une « niche commerciale », les produits développés devenant inéluctablement financièrement inaccessible, ou dans le pire des cas inexistants sur le marché, faute d’un nombre d’usagers potentiels suffisant et de la présence d’industriels pour les commercialiser.

Il fallait trouver une alternative simple, garantissant l’accès à ces technologies innovantes au plus grand nombre.

C’est ainsi que j’ai commencé à me passionner par le développement de technologies open-source au service du handicap et à suivre avec grand intérêt les travaux de Nicolas Huchet (initiateur du réseau Humanlab en France et de l’association « My Human Kit ») ainsi que les différentes initiatives associées à de tels concepts au niveau international (ex : projet OpenErgo, ergocycle low-cost avec neurostimulateur pour la rééducation au Kenya).

En quoi consiste ton métier et quelles sont tes tâches sur une semaine type ?

J’ai été embauché comme chef de projet Recherche & Développement au sein de l’Association Saint-Pierre. Mon travail s’articule autour de deux axes : le premier et principal étant ma mission de Fabmanager au Humanlab, le second en tant que responsable R&D à l’Institut Saint-Pierre.

Au Humanlab, chaque semaine est différente, mes missions sont très variées et me demandent de revêtir plusieurs casquettes afin de veiller au bon fonctionnement et au développement des activités du lab :

  • responsable technique et scientifique : expertise machines numériques / informatique / conception 3D / électronique, formation des membres, maintenance…,
  • management et relationnel : développement du réseau de partenaires techniques/scientifiques, recrutement de porteurs de projet/bénévoles, tuteur de projets d’études d’ingénieurs/BTS, suivi et documentations des projets et du planning du lab,
  • responsable logistique : gestion des consommables, gestion des achat/retraits de commandes propres aux projets, organisation de l’espace collaboratif, gestion du budget de fonctionnement et de la caisse,
  • responsable de la communication : animation sur les réseaux sociaux, gestion du site internet, réalisation de supports de communication, accueil du public, standard téléphonique…
  • ou encore chargé évènementiel : interventions dans des salons/conférences scientifiques, organisation de « social events » au Humanlab (ex : portes ouvertes, goûters créatifs, etc..), organisation d’évènements de médiations/sensibilisations au handicap (ex : participation festival Handi’Com, projets Savanturiers, etc…).

Les membres du Humanlab Saint-Pierre félicitent Benoît !

Benoît a reçu le 1er Prix de la meilleure thèse 2018 de l’Université de Montpellier (“Prix Docteurs 2018”), remis par le président de l’Université Philippe Augé.

Titre de la thèse : Assistive control of motion in sensorimotor impairments based on functional electrical stimulation.

Catégorie(s): Actualités, Innovation